2016 cahier n°13 : La spiritualité de la Stricte Observance lors du Convent des Gaules de Lyon en 1778
Ce Convent des Gaules ne concerne que les provinces françaises et non allemandes. L’idée générale qui était de mise était d’abandonner « les fragments historiques » non prouvés concernant par exemple l’Ordre du Temple, les erreurs commises dans les rituels et de combattre la « dangereuse position d’autorité des chefs. » ( Maître de loge à vie, postes clés à vie e.t.c.)
Après la signature du « traité » de 1776 avec le Grand Orient de France l’Ordre commençait à « s’étioler » et de nombreux courants se faisaient jour.
Jean Baptiste Willermoz pensa alors à réformer l’administration des provinces, espérant par ailleurs que cette réforme pourrait servir de modèle à l’Ordre tout entier. Pour lui il était urgent de réformer l’Ordre si on ne voulait pas « qu’il meure. »
Assisté de Jean de Turckheim et de Rodolphe Salzmann il travailla d’arrache-pied à cette réforme avec un postulat : la légende templière devait être abandonnée et un nouveau code maçonnique devait être crée, idée d’ailleurs proposée par Weiler.
C’est ainsi que s’ouvrit le 25 novembre 1778 le convent des Gaules à Lyon. C’est au cours des 13 séances que furent élaborées des nouvelles règles, un nouveau système administratif entre autres choses.
6 loges, 2 directoires, 21 délégués français sont les trois chiffres clés de ce convent. 12 délégués furent envoyés par la deuxième province, 6 par la cinquième province, 3 par la troisième province et un représentant de la Suisse en la personne de Rodolphe Salzmann.
Plusieurs points lors de ce convent concernant la spiritualité furent abordés. La légende templière fut abandonnée ainsi que cette idée « chimérique » de reconstruction de l’Ordre du Temple originel. La signification symbolique de l’Ordre du Temple comme « exemple moral de la dévotion » et la structure administrative furent conservées.
Il fut décidé d’édicter un code maçonnique des loges réunies et rectifiées de France et le code général des règlements de l’Ordre des Chevaliers de la Cité Sainte.
La spiritualité de l’Ordre fut en quelque sorte structurée et codifiée avec deux idées principales et quelques traits particuliers au rite.
Le mysticisme personnel pourrait toujours et encore être cultivé mais les pratiques théurgiques, hermétiques et alchimiques devaient être abandonnées. L’ascétisme, forme qui dessèche « le cœur, » devait être remplacé par la recherche de Dieu.
Quelques traits particuliers à relever :
- Le maçon de l’Ordre devait faire preuve de noblesse, noblesse personnelle principalement dans ses actions de tous les jours.
- L’égalité complète était de mise entre tous les hommes lors de réception et il ne devait exister de prérogatives pouvant provenir de naissance illustre, de rang élevé dans la société civile. Ainsi sont jetés les bases d’une stricte égalité entre tous les maçons quelque soit leur rang, privilèges et places.
- Le prieur du clergé est chargé des informations sur les qualités morales du candidat.
- Une douce bienfaisance doit être exercée par tous les frères mais surtout par les chevaliers de l’Ordre.
- L’hospitalité doit être la vertu principale du chevalier.
- La loi du silence et de la discrétion est une loi fondamentale de l’Ordre.
- La pureté des mœurs peut seule préserver la vie et la continuité de l’Ordre.
Mentionnons que la question de l’admission des femmes dans l’Ordre fut soulevée par Beyerlé mais ne fut pas résolue lors de ce convent, faute de temps et remise à des discussions ultérieures qui ne se firent pas.
Ce convent des Gaules, agrée par Brunswick, eut un grand retentissement dans l’Ordre et chez tous les frères. Il sera la base en quelque sorte du travail du convent de Wilhemsbad de 1782.